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Oublions la performance

En tant que leader, il est courant de ressentir du stress à l’idée de devoir atteindre des objectifs prédéfinis. Certaines entreprises ne se focalisent que sur la performance et leur organisation interne reflète cette recherche constante d’accomplissement. Dans notre monde capitaliste, on observe que cette performance est profondément liée au fonctionnement des entreprises. La pression exercée pour obtenir des performances et des résultats est motivée par la nature concurrentielle du marché 1. Cependant, il est important de reconnaître que le concept de performance dans ce contexte peut avoir des implications à la fois positives et négatives.

De manière positive, cette recherche de performance peut stimuler l’innovation et l’envie de se dépasser. L’entreprise veut faire mieux et mets en place des solutions pour performer, booster sa productivité et croire au niveau économique.

En effet, si celle-ci veut survivre dans un monde changeant, il est essentiel qu’elle soit économiquement viable. De plus, cette recherche d’efficacité constante peut inciter les collaborateurs à viser l’excellence. Cela peut conduire à des avancées dans différents domaines au sein de l’entreprise, tels que de plus grandes avancées technologiques, de meilleurs produits ainsi que de meilleurs services.

Le plus gros point positif que j’observe est que la recherche de la performance peut promouvoir une efficacité et une optimisation des ressources.

Selon moi, même si une entreprise est avant tout performante par rapport à son marché, elle peut aussi s’auto challenger et valoriser sa propre évolution.

Par contre, cette recherche à tout prix de performance et d’efficacité a aussi des conséquences négatives. On observe ainsi des entreprises qui ne sont pas capables de mettre en place des actions sur du long terme. Elles recherchent le gain à court terme plutôt que la durabilité à long terme.

C’est ce que j’ai pu observer lorsqu’il fallait mettre en place des stratégies basées sur des modèles d’économie circulaire, qui ne rapportent pas encore assez d’argent, mais qui seront essentiels aux entreprises pour survivre dans le monde de demain. La problématique rencontrée ici est que ces préoccupations environnementales ne sont presque jamais prises comme des indicateurs de performance.

Se pose alors la question des balises de la performance. Là où le marché était le seul régulateur de nos actions, les limites planétaires entrent également en jeu. La définition de la performance sera donc propre à chacun, en fonction des lunettes qu’il porte pour voir le monde.

J’ai également pu observer, qu’au nom de la performance, certaines entreprises exercent une pression sur l’ensemble de leurs collaborateurs, créant un climat de travail stressant. Des objectifs trop ambitieux sont souvent fixés par des personnes n’ayant aucune idée de la réalité terrain. Cela peut amener à des mesures irréalistes, qui sont appliquées à la lettre par les managers, craignant de perdre leur emploi.

La peur étant souvent utilisée comme moteur de la mise en mouvement, en vue d’atteindre des ambitions économiques. Ce climat anxiogène est, selon moi, quelque chose à fuir. Le management par la peur peut fonctionner un temps, voire même être très efficace sur du très court terme, mais en aucun cas il ne contribue à bâtir une société sur des valeurs telles que le bienveillance et le respect du vivant.

Changer sa vision de la performance

Je trouve intéressant d’utiliser cette idée de changer de lunettes pour voir le monde qui nous entoure. En effet, nous grandissons tous avec un certain prisme du réel, qui forge nos convictions et notre façon d’interpréter notre réalité. En changeant de lunette, c’est à dire en changeant sa vision des choses, et en mettant de côté ses intérêts personnels, on peut enfin avoir le recul nécessaire pour simplement faire ce qui nous semble juste.

Evidemment, tout est question de conscience individuelle. Mais j’ai la conviction qu’en recherchant à faire les choses bien, et non à vouloir juste mettre le profit en avant, nous ouvrons nos coeur. Nous privilégions le sens à la performance pur et dure. Enfin, nous osons nous poser la question du « pourquoi ».

Selon moi, une entreprise devra donc impérativement adopter une approche équilibrée.

Les performances financières restent évidemment importantes, mais les aspects éthiques, sociaux et environnementaux le deviennent tout autant. Encourager des pratiques commerciales responsables et adopter une perspective à long terme peut aligner les objectifs de performance sur les intérêts plus larges de la société. De plus, promouvoir une culture professionnelle qui favorise l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, le bien-être des employés et la collaboration peut atténuer les pressions négatives sur la performance.

Trouver cet équilibre entre la réussite financière et les pratiques éthiques et durables, sera donc extrêmement important pour arriver à une forme de capitalisme plus inclusif, responsable et durable. Même si, j’en suis convaincue, à terme, il sera essentiel de sortir du système capitaliste pour redonner une place prépondérante au vivant de manière plus globale.

Recherche constante de performance en entreprise

Comme énoncé précédemment, la recherche constante de la performance en entreprise peut avoir des effets négatifs sur différents aspects. Elle peut engendrer une pression excessive sur les employés, générer du stress et de l’épuisement professionnel. De plus, cela peut favoriser une culture de compétition malsaine, où les individus sont poussés à se surpasser au détriment de la collaboration et de la cohésion d’équipe. En outre, cela peut entraîner des sacrifices dans la qualité du travail, car l’accent est mis sur la rapidité au lieu de l’exactitude. Enfin, une obsession pour la performance peut conduire à une négligence des aspects éthiques et sociaux de l’entreprise, mettant ainsi en péril sa réputation et sa durabilité à long terme.

Contrer les effets négatifs de la performance à tout prix

Vous trouverez ci-dessous, quelques pistes non exhaustive, pour contrer les effets négatifs d’une recherche constante de performance en entreprise.

Favoriser une culture d’équilibre : Encourager un équilibre sain entre le travail et la vie personnelle en promouvant des politiques et des initiatives qui soutiennent le bien-être des employés. Cela peut inclure des horaires de travail flexibles, des congés rémunérés et des programmes de soutien psychologique.

Encourager la communication et la collaboration : Mettre en place des structures de communication claires et favoriser la collaboration entre les équipes. Encourager l’entraide et la coopération plutôt que la compétition interne, afin de favoriser un environnement de travail positif.

Redéfinir la performance : Plutôt que de se concentrer uniquement sur les résultats quantitatifs, revoir la définition de la performance pour prendre en compte des aspects qualitatifs tels que la satisfaction des clients, la qualité du travail accompli et l’éthique professionnelle.

Former les managers : Offrir des formations aux managers pour les aider à gérer le stress et la pression au sein de leurs équipes. Les former à la gestion du temps, à la communication efficace et à la reconnaissance des efforts des employés peut contribuer à créer un environnement de travail plus équilibré et motivant.

Encourager la rétroaction constructive : Mettre en place des mécanismes de rétroaction régulière et constructive entre les employés et les managers. Cela permettra de reconnaître les efforts des employés, d’identifier les problèmes et de mettre en place des mesures correctives si nécessaire.

Promouvoir une perspective à long terme : Éduquer les employés et les managers sur l’importance de l’équilibre entre la performance à court terme et la durabilité à long terme. Sensibiliser à l’importance de la qualité, de l’éthique et de l’impact social pour assurer la viabilité et la réputation de l’entreprise sur le long terme.

Intégrer ces différentes mesures au sein de votre entreprise vous permettra de créer un environnement de travail plus sain pour vos leaders et vos employés. Un environnement où il fait bon vivre, et où les collaborateurs ont envie de rester. L’idée étant évidemment d’intégrer toutes ces pistes de manière naturelle, sans que cela devienne un nouveau frein à l’épanouissement.

Et si nous trouvions un meilleur équilibre ?

Parfois, je me demande si nous devrions encore parler de performance. Est-ce une idée un peu folle ? Est-ce possible dans notre monde actuel ? Pourtant, je crois qu’il est possible de définir le succès d’une autre manière. Nos entreprises peuvent prospérer et croître sans se concentrer uniquement sur la performance.

J’ai découvert le concept de robustesse en me penchant sur les travaux d’Olivier Hamant, un expert en ingénierie tissulaire. Selon la définition Le Robert, la robustesse implique la capacité de résister aux contraintes, aux chocs et aux perturbations tout en maintenant sa fonctionnalité et sa performance2.

La robustesse et la performance sont deux aspects cruciaux lors de la conception de systèmes et de produits technologiques. La robustesse garantit la fiabilité et la stabilité dans différentes situations, tandis que la performance se concentre sur la vitesse et l’efficacité.

Dans le domaine de la technologie, on observe souvent un compromis entre robustesse et performance. Les concepteurs doivent trouver le bon équilibre en tenant compte de plusieurs facteurs. Olivier Hamant souligne l’importance de ce compromis pour qu’un système technologique réussi. Ses travaux explorent comment équilibrer robustesse et performance pour obtenir de meilleurs résultats.

La robustesse permet à un système de résister aux erreurs et aux pannes. Elle comprend des mesures préventives et des mécanismes de récupération. Un système robuste fonctionne de manière fiable malgré les perturbations.

D’autre part, la performance est mesurée par la rapidité et l’efficacité d’un système à accomplir des tâches. Un système performant réagit rapidement et offre une expérience utilisateur fluide.

Selon lui, il est essentiel de considérer la robustesse lors de la conception d’un système. Elle garantit la sécurité et la stabilité, en minimisant les risques d’échec. Cependant, il est également important de tenir compte de la performance pour répondre aux attentes des utilisateurs.

Olivier Hamant insiste sur la nécessité de trouver un équilibre entre robustesse et performance plutôt que de les opposer. Cela demande des tests approfondis, des mises à jour régulières et des mécanismes de surveillance et de correction des erreurs.

L’avenir de la performance

Dans notre société contemporaine, l’avenir de la performance tend à se redéfinir. Alors qu’autrefois l’objectif primordial était de rechercher la performance à tout prix, nous assistons aujourd’hui à un changement de paradigme. Plutôt que de se focaliser uniquement sur les résultats économiques, on accorde de plus en plus d’importance au sens et à l’humain dans nos quêtes de performance.

La performance ponctuelle, telle qu’elle est envisagée désormais, ne se limite plus à la réussite immédiate et matérielle. Elle intègre également des dimensions émotionnelles et relationnelles. Au lieu de nous concentrer uniquement sur les résultats chiffrés, nous cherchons également à créer des relations authentiques, à générer du sens et à développer un écosystème propice à la performance épanouissante.

Dans ce nouveau contexte, les individus prennent conscience de l’importance de concilier leur épanouissement personnel avec leurs objectifs professionnels. Le bien-être devient une composante fondamentale de la performance. Les entreprises et les organisations accordent alors une attention particulière à la qualité de vie au travail, à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ainsi qu’à la gestion du stress. En mettant l’humain au centre, elles favorisent un environnement propice à l’épanouissement et à la créativité des individus, ce qui se traduit inévitablement par des réussites durables.

De plus, cette nouvelle vision de la performance donne une plus grande importance à l’impact sociétal et environnemental. Les entreprises intègrent de plus en plus des critères de responsabilité sociale et environnementale dans leurs stratégies de performance. Au lieu de se focaliser exclusivement sur la maximisation des profits, elles cherchent à concilier les intérêts économiques avec ceux de la société et de l’environnement. Cette approche permet de réconcilier la performance économique avec la création de valeur durable, en contribuant à la construction d’un futur viable et responsable.

Conclusion

En conclusion, l’avenir de la performance est en train de se redéfinir. Nous assistons à un changement de paradigme où la recherche d’une performance ponctuelle est remplacée par une quête plus globale, plaçant l’humain, le sens et la durabilité au centre des préoccupations. Cette nouvelle vision transforme notre manière d’envisager le succès, en intégrant l’épanouissement individuel, le bien-être, l’impact sociétal et environnemental.

En embrassant cette approche, nous abordons un horizon où la performance est non seulement synonyme de réussite économique, mais aussi de progrès humain et de création de valeur durable. Ce changement nous invite à repenser nos objectifs et à adopter des stratégies plus holistiques qui tiennent compte des différentes dimensions de la performance.

Il est clair que la performance ne peut plus être considérée de manière isolée, mais doit être alignée sur des valeurs plus larges et des objectifs d’intérêt commun. En valorisant la robustesse, la durabilité et l’impact positif, nous pouvons créer un monde où la performance est au service du bien-être de chacun et de la planète dans son ensemble.

Bibliographie

1 https://books.openedition.org/septentrion/9164

2Le Robert. « robustesse – Définitions, synonymes, conjugaison, exemples | Dico en … ».

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